Teaser : Ce billet est la suite du précédent. Tous deux relatent le trekk de 3 jours sur l’île de Lombok, qui m’emmènera à 3726m, sur le plus haut point de la caldeira entourant le Mt Rijani, 2ème plus haut volcan d’Indonésie. La dernière partie de l’ascension se fera de nuit et en lisant la suite de ce billet vous pourrez tomber sur ce genre de photo :

 

Lors de l’ascension, l’horizon l’illumine…

Cette première nuit en camping à flanc de caldeira fût courte ! Nous nous étions certes couchés assez tôt mais une forte tempête s’est levée vers 4h30 du matin et a mis à l’épreuve les attaches au sol de nos tentes. Bilan, me voici dehors à courir en collants thermiques (souvenir du Népal…), sous des rafales à décorner un buffle, pour rattraper in-extremis les toiles de tentes se prenant pour des parachutes…

Amusant non ? Et encore là le plafond de la tente ne descendait pas jusqu’à vous couvrir le visage, comme c’est arrivé pendant la nuit… Certaines tentes ne tiendront pas vraiment le coup, comme le montre cette photo…

Hmm.

Heureusement, la tempête faiblira peu à peu et nous permettra finalement d’apprécier nos pancakes à la banane sous un ciel bleu et soleil bienvenu. Le temps de démonter le camps, nous reprenons la route vers 8h30, après avoir pris le temps d’apprécier le lever de soleil sur le volcan et le lac, en contre-bas de la caldeira. Un paysage unique.

Un panorama unique.

Après une 1ère journée de trekk où nous avons grimpé 2000m de dénivelé positif (partir de 600m pour arriver à 2500m), cette 2ème journée de trekk sera sous le signe de la descente (jusqu’au lac -600m de dénivelé)… puis de la remontée jusqu’au 2nd camp de base posé à 2500m d’altitude. La première partie de cette 2nd journée nous emmènera donc au fond de la caldaera, jusqu’au lac où je pense m’être baigné dans la plus épic des piscines ! Imaginez un lac immense, posé dans un énorme cratère avec juste en face de vous, un volcan agrémenté de quelques fumerolles… just epic !!

Le lac à l’intérieur de la caldeira avec le volcan juste en face.

Après cette pause-baignade, nous continuerons la marche autour du lac jusqu’à arriver à l’endroit où nos porteurs nous préparerons encore une fois un excellent repas, mais avant de l’apprécier, nous ferons un saut aux sources d’eaux chaudes situé à 10mn du lac. Et là après tant d’efforts, je pense pouvoir résumer la baignade dans ce bain à 40°C en 2 mots : « Hooo Yeeahh !!« .

Pile poil ce qu’il faut après 1 journée et demi de trekking !

 

50% de physique, 50% de mental

Après un repas et 30mn de repos fort apprécié, nous voici repartis ! Un départ difficile car la fatigue d’une journée et demie d’efforts continus s’accumule, la source d’eau chaude a fait croire à mes mollets que le cauchemar était terminé et ils se sont donc endormis, le repas était copieux, le chemin grimpe dur… bref pour toutes ces raisons le corps a du mal et il est difficile de se remettre dans le bain.

Le mental au secours du physique !

Mais la bonne nouvelle (et il est important de le savoir) est que le trekking (comme pour toute épreuve physique) c’est 50% de physique pour 50% de mental, donc quand le corps n’est plus tout à fait à son maximum, on peut compenser ça avec la tête, et je vous garanti que ça fonctionne, c’est même détonnant ! Rien que le fait de se motiver intérieurement, de jouer de l’harmonica pour mettre l’effort au second plan, de voir les autres groupes devant moi,… m’aidera à les rattraper, à les dépasser un à un et à arriver au 2nd camp plusieurs dizaines de minutes avant l’heure prévue. Chose impossible si je m’étais plaint de la fatigue durant tout le chemin. Cette recette gagnante sera à renouveler dès cette nuit, lors de l’ascension finale, à 3h du matin !

Mais avant ça, nous avons droit à un peu de répit : le camps est installé à 2500m d’altitude, sur une plateforme aux pieds de la plus haute partie de la caldeira  Dès que tout le groupe est au complet, nous commençons un petit feu, rien de tel pour se réchauffer à 2500m d’altitude. Le repas du soir nous est ensuite servi et nous partons au lit de bonne heure, car demain à 2h du matin, le réveil risque d’être difficile…

Une partie de notre campement pour la 2ème nuit.

 

Le final de ce trekk : lever à 2h du matin pour une ascension nocturne

La dernière partie de l’ascension de fera en effet au (très) petit matin, à 3h, après avoir avalé 3 thés et quelques crackers, nous partons à l’attaque des 1226 derniers mètres qui nous séparent du plus 2ème haut pic d’Indonésie. Cette partie du trekk se fera de nuit, à la frontale et les pieds dans la poussière, une poussière profonde et épaisse qui s’apparente à de la neige poudreuse. Évoluer sur ce terrain pentu et poussiéreux est très éprouvant, c’est comme courir dans le sable. Il faut d’ailleurs utiliser la technique du canard que les skieurs connaissent bien pour ne pas reculer à chaque pas.

Une fois arrivé sur l’arrête de la caldeira  le terrain s’aplani et devient plus praticable, mais commence alors une longue marche d’1h30 dont la pente va peu à peu prendre des degrés, jusqu’à finir à plus de 45° sur les 200 derniers mètres. N’ayant pas de lampe frontale et ne pouvant donc pas évoluer seul dans l’obscurité, je me suis joins à un couple de français avec qui j’ai avancé jusqu’en haut, subissant les attaque d’un vent au froid mordant tout au long du parcours ! Le blouson ESF qui m’avait été prêté par l’agence m’a littéralement sauvé la vie car ma fine polaire n’aurait vraiment pas été à la hauteur sur ce tronçon. 200m avant le sommet. J’avance tel un robot, c’est très dur, il fait toujours nuit mais l’horizon s’éclairci peu à peu, je m’arrête de temps à autre pour prendre une photo, en me retournant je peux voir les frontales des trekkeurs qui nous suivent, on est une bonne 50aine à s’attaquer au Mt Rijani cette nuit là.

Les trekkeurs escaladant l’arrête de la caldeira.

C’est un moment magique, dur physiquement mais à la fois irréel et exaltant ! 100m avant le sommet. Je ne regarde pas en haut pour ne pas me couper les jambes et m’épargner le moral, j’avance en regardant droit devant, juste les pieds de la personne qui me précède. Du fait de la pente j’ai ses chaussures au niveau de mes yeux; je pose mes pieds dans ses traces, j’ai plus de chance de ne pas déraper car ce petit bout de terrain a déjà été testé, enfin c’est ce que je me dis. Dans ce moment on est partisan du moindre petit effort ! 50m avant le sommet. L’enthousiasme de l’arrivée me redonne un dernier petit coup de boost, je vais les arracher ses 50 derniers mètres ! Je le vois ! Je vois des gens arrêtés ! Le sommet et là, à portée, le soleil n’est pas encore levé. J’y suis.

Le point haut de ce trekk : 3726m !

Il fait encore sombre mais on peut voir, l’horizon est éclairé, le temps de trouver un petit rocher où m’asseoir et me voici prêt pour apprécier le spectacle du soleil levant. Le reste du groupe arrive peu à peu, chacun à son rythme. Le soleil pointe le bout de ses rayons, le spectacle est superbe; l’ombre conique du volcan Rijani se projette sur le lac en contre-bas; c’est juste un spectacle ahurissant, un spectacle à 3726m d’altitude.

L’ombre du volcan sur le lac en contre-bas : irréel.

No comment.

Nous resterons peut-être 30-40mn à apprécier ce moment, avant de me décider à redescendre. Une partie plutôt amusante : le terrain étant poussiéreux  il suffit de se laisser aller en appuyant bien sur les talons. Cela entraîne alors de longues glissades, bien moins fatiguant vous l’aurez compris.

Le sol pour la dernière partie de ce trekk : pénible…

Le Rochelais en pleine action…

Sur le chemin du retour je suis impressionné par la distance que nous avons parcouru de nuit, je ne pensais pas avoir marché autant… C’est aussi l’occasion d’apprécier le panorama volcan + lac d’un autre angle, avec une nouvelle luminosité : juste magnifique.

Le volcan + lac vus sous un autre angle.

Après 1h20 de descente environ nous arrivons au camps où le petit déjeuner nous est servi immédiatement : ils sont vraiment trop forts nos porteurs ! Je ne m’attarderai pas trop sur le chemin du retour jusqu’à Senaru, beaucoup plus poussiéreux que le chemin aller mais au point où j’en suis…

Type de paysage « savanesque » rencontré sur le chemin retour.

Un petit mot sur le beau groupe que nous formions; nous étions 8 trekkeurs et trekkeuses et j’ai beaucoup apprécié faire cette aventure avec tous ces gens que l’on ne connait pas au début, que l’on apprend à connaitre pendant et que l’on ne veut plus quitter après. Une fine équipe sérieuse et motivée, tractée par un couple de trekkeurs pro qui m’a donné indirectement la niak dans les moments difficiles : le fait de les avoir sur les talons, ça motive pour avancer ! laughing.ico
Ce trekk au delà de présenter des paysages hallucinants, est une aventure personnelle qui permet de se rendre compte que l’on peut faire des choses que l’on ne pensait pas pouvoir faire.

Un super « bilan de santé » physique et psychologique, à refaire au minimum une fois par an ! smile.ico